le printemps : orientations scolaires
Le choix de l'orientation scolaire !
A-t-on réellement toujours le choix lorsqu'on essaie de scolariser son enfant autiste en milieu ordinaire ?
Les années de maternelle et de primaire ne sont pas toujours faciles, mais c'est globalement gérable.
Et après ?
Préparer l'accueil en collège : un gros investissement de temps de la part des parents. Lorsque tout semble OK, il reste à vérifier sur le long terme si cela va fonctionner. L'année de sixième c'est un peu comme réussir un pari, réaliser un défi, et le personnel du collège est motivé, même s'il est angoissé.
L'enfant autiste lui est fier lorsqu'il devient collégien comme les autres enfants.
Notre expérience :
L'année de cinquième, tout change : les copains sont moins solidaires, peut-être lassés de ce copain qui ne cadre pas dans le groupe (et à l'adolescence, le groupe c'est la vie), le personnel du collège estime que l'élève à ses repères, qu'il doit maintenant devenir plus autonome (mot tellement à la mode). Les avs ont du mal à comprendre l'intérêt d'assister un ado dans ses relations sociales. Après tout, les ados ordinaires ont plutôt tendance à rejeter l'aide des adultes.
Pour le reste, nous n'avons pas testé, mais voici quelques extraits de conversations que j'ai eu récemment avec des mamans d'enfants autistes.
"Mon fiston a eu la chance d'aller dans un petit collège privé (à 30 kms de la maison). Tout s'est bien passé, il a des amis. Mais pour l'année prochaine, où trouver un lycée qui puisse l'accueillir dans d'aussi bonnes conditions ? Le seul établissement qui corresponde à ses intérêts restreints (graphisme) est si loin de chez nous qu'il devrait être interne, ce qui est impossible. Comment faire ?"
"On a gagné un an en faisant redoubler le CM2 à mon fils. C'est bien car comme il a le même enseignant, la même avs, ils le connaissent bien et adaptent enfin vraiment les cours à ses besoins. Pour l'année prochaine, nous avons la chance d'avoir un collège dans notre petite ville. Je le connais bien puisque son frère aîné est maintenant en quatrième là-bas. Mais la sixième ordinaire ne sera pas possible pour mon second. Surtout avec les effectifs actuels.
On nous a proposé de le mettre en SEGPA dans un autre collège. Mais c'est à 30 kms de la maison et il n'a jamais supporté de manger à la cantine (il a besoin d'un temps de repos au calme à la mi-journée).
Heureusement il y a une UPI dans le collège de notre ville. J'ai fait notre demande d'inscription, même si le niveau scolaire est soi-disant plus bas. J'attends maintenant de savoir s'il aura une avs individuelle (dans les UPI il y a une avs collective et il est rare qu'on ajoute des avsi) car il ne pourra pas aller en intégration dans d'autres cours sans être assisté. "
"Mon garçon est dans un collège privé, sans avs car nous avions demandé une avs formée à l'autisme et l'EN nous a répondu qu'il n'y en avait pas. En sixième, cela s'est assez bien passé. Cette année en cinquième, c'est la cata. Les profs pensent qu'il connaît bien l'établissement donc sont moins attentionnés. Les élèves ne sont pas aussi sympas qu'on le pensait. En fait, notre fiston vient de nous avouer qu'il était victime de harcèlement moral. C'est très dur, il pleure beaucoup, a le moral au plus bas."
"Notre fils a dû quitter le collège en urgence dès le mois de novembre. La sixième s'était pourtant relativement bien passée, mais en cinquième, le manque d'investissement des profs et surtout les difficultés d'avs (absences nombreuses) l'ont trop perturbé. Il était tellement angoissé qu'il a eu des accès de violence. Il suit désormais les cours du CNED à la maison, mais ne comprend pas pourquoi il ne peut plus aller au collège."
Ce ne sont là que 4 exemples de conversations ayant eu lieu depuis le mois de janvier de cette année, avec des familles de notre région.
Beaucoup d'enfants que je connais vont entrer au collège l'année prochaine. Leurs parents sont inquiets, mais tentent de tout faire pour que cela se passe au mieux. Je le leur souhaite sincèrement.
Il y a deux ans, nous avons dû prendre la décision de faire quitter le collège à Augustin. Certaines familles ont pris cela pour un échec. Pas nous !
C'est simplement qu'il n'existe pas encore de vrais possibilités de scolarisation en milieu ordinaire pour les jeunes autistes à partir du collège.
Soit l'enfant est capable de supporter un rythme qui ne lui convient pas forcément (leçons non adaptées, réexplications des cours à la maison, grande quantité de devoirs du soir) et des humiliations.... soit il ne l'est pas. Donc il existe quelques cas d'élèves autistes (plus souvent Asperger d'ailleurs) qui arrivent à rester au collège, puis ont la chance de trouver un lycée (encore faut-il alors vivre en milieu urbain) qui leur convienne, mais ils sont très rares.
Alors peut-on vraiment parler de choix d'orientation scolaire ?
Que deviendront les autistes scolarisés en CM2 cette année ?